Le poiré de Bretagne


Méconnu aujourd’hui, pourtant le poiré et la Bretagne ont ensemble une vieille histoire qui date d’avant le moyen-âge. Si le pyrus communis est endémique à nos régions , la présence de vieux poiriers de type pyrus nivalis, dont l’origine se situe en Asie Mineure , prouve son introduction en Bretagne très tôt, probablement au retour des Croisades. La culture des poiriers s’est ensuite développée à partir des monastères.

Vierge à la poire

LA VIERGE A LA POIRE DE LA CHAPELLE SAINTE ANNE DE BODUIC EN CLEGUEREC (56)
La vierge tient dans sa main une poire et le petit jésus un bouteille de poiré
XVe siècle – XVIe scècle




La vierge à la poire de la chapelle Saint André et de Sainte Anne sur la commune de Cléguérec près de Pontivy, témoigne de l’importance que représentait le poiré à cette époque.

Dans certaines campagnes Bretonnes Gallo on fabriquait le païré, dans d’autres bretonnantes le chistr’per. En même temps qu’ils fabriquaient le cidre, les agriculteurs se réservaient souvent un tonneau de poiré, qu’ils consommaient en cours de fermentation , ensuite une fois le poiré devenu trop sec , ils le distillaient pour faire de l’eau de vie de poiré. Ceux qui possédaient une bonne cave (comme mon grand père) gardaient un poiré bouché. Au début du siècle précédent, certains grands vergers qui en faisaient une activité rentable, exportaient les poires sur l’Angleterre et même sur Reims !!!

Pour qui parcourt nos campagnes bretonnes et sait observer, pourra découvrir de vieux poiriers, le plus souvent sur les talus. Ce sont des rescapés qui ont survécus aux grandes modifications de notre bocage et de la vie de nos campagnes au cours de ces dernières décennies. Ils étaient souvent greffés sur aubépines.

Les variétés qui ont survécus, s’ils proviennent de la même espèce (Pyrus communis), sont étonnamment très variées, ce qui prouve l’intense sélection réalisée au fil des siècles. Nous trouvons des variétés allant du très précoces, dont les poires commencent à tomber dès le mois d’août, au très tardives qui gardent leurs poires jusqu’en janvier. Les formes vont de la petite poire ronde, jaune, à chaire tendre à la grosse poire brune très dure et de forme allongée .Chaque bassin, conservait certaines variétés par greffage, celles qui leur convenait le mieux et qui étaient considérées comme les meilleures, la “grain d’or” dans le bassin de Saint Brieuc, la “poire de bouc” dans la région de Dinan, la ” Per Boreigne” dans le bassin de Pontivy par exemple.

Il a été recensé plus de 200 variétés différentes dans nos campagnes bretonnes. Toutes ne présentent peut-être pas le même intérêt à faire un poiré , encore faut-il en réaliser pour le savoir. Un travail considérable reste à accomplir pour sauver ce réel patrimoine Breton.

Pour avoir goûter quelques poirés issus de quelques variétés bretonnes, je mesure l’étendue de la richesse aromatique de ces poires, souvent aussi surprenante qu’inconnue , excepté par nos aïeux.

Nous sommes admiratifs devant ces quelques vieux poiriers, classés parmi les inventaires des arbres remarquables, mais s’est-on posé la question sur la richesse de leurs fruits? Cachent-ils un trésor ?

Le poiré de Ker Anna en est l’illustration.


Le poiré de Keranna

Producteur récoltant SCEA KERAGRI Keranna 22210 PLUMIEUX

Tel : 02 96 25 46 50
Mail : contact@poiredekeranna.bzh